Méandres d’une dépollution de longue haleine Article lu 23346 fois, depuis sa publication le 21/01/2010 à 10:00:00 (longueur : 4573 caractères)
Le 7 août 2009, une conduite de pétrole posée en 1971, exploitée par la Société du pipeline sud européen, la SPSE, s’est rompue dans sa traversée de la plaine de la Crau dans le département des Bouches-du-Rhône, laissant se répandre 4 000 m3 de pétrole brute, destiné à des raffineries allemandes et cela sur une surface de 5 hectares. Rappelons que la réserve naturelle de Coussouls de Crau couvre de 7 400 hectares
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La Crau est, dans sa partie sèche où s’est produit le « sinistre » une steppe aride, la seule de cette nature en Europe occidentale.
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Elle est le cône de déjection de l'ancienne confluence de la Durance et du Rhône, elle est constituée d'une importante épaisseur de galets. Au fil du temps, ils se sont scellés pour former une roche résistante et imperméable nommée « taparas ».
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Le véritable risque écologique du fait de ce sinistre, qualifié de marée noire, résulterait de possibles infiltrations de pétrole dans la nappe phréatique , qui traverse la Crau.
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Pour cette raison ; elle fait l’objet depuis d’analyses permanentes, tout en sachant que les zones de captage de l’eau potable sont hors de danger.
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L’acheminement du pétrole a été rapidement rétabli, en passant par des bretelles de raccordement, nombreuses dans la région, alors que la SPSE ne sait pas à quel moment elle pourra remettre en service la conduite accidentée, ce qui aujourd'hui, ne semble pas revêtir un quelconque caractère d’urgence.
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La dépollution qui a rapidement débuté par le raclage du terrain passe par le déplacement de quelque 46 000 tonnes de terres souillées par le pétrole.
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Confiée à une entreprise spécialisée, qui a pour mission de les transporter vers un lieu de traitement et d’enfouissement situé à une cinquantaine de kilomètres dans le Gard, implique une rotation de 2 000 camions.
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Les terres les plus polluées seront enfouies dans des alvéoles recouvertes d’argile, tandis que celles comportant un taux d’hydrocarbures plus faibles feront l’objet d’un traitement bactérien permettant, au bout de six à huit mois d’éliminer toute trace d’hydrocarbures, sans cependant la faire revenir dans la plaine de la Crau.
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A ce jour, la SPSE ignore le temps que prendra la dépollution du site, qui pourrait durer plusieurs années.
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Pour ce qui est de la protection de la nappe phréatique, la progression de la pollution a été endiguée et il est question d’installer de façon provisoire une petite station d’épuration sur le site, qui capterait l’eau, la purifierait, s’il y a lieu de son hydrocarbure, avant de la réinjecter dans la nappe.
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Pour le moment, il n’exciterait, ni calendrier, ni budget prévisionnel concernant une remise en état du site, pouvant satisfaire les écologistes, qui craignent, que quelle que soit la qualité du travail accompli, cette zone sera à jamais perdue en tant que valeur patrimoniale.
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La plaine de la Crau, classée réserve naturelle nationale depuis 2001, abrite de nombreux insectes endémiques, dont on découvre régulièrement de nouveaux spécimens.
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Le conseil scientifique de la Réserve naturelle nationale des Coussouls de Crau créé par arrêté préfectoral en date du 18 mars 2008, souligne dans un communiqué du 21 septembre dernier - la gravité de l'accident occasionnant la perte irrémédiable d'au moins cinq hectares de végétation de type steppique (les Coussouls), fragilisant de plus l'ensemble de l'écosystème de la plaine de la Crau. Il ajoute demander l'application du principe de précaution par une interdiction de la pratique du pâturage, de la cueillette des champignons et de la chasse dans un espace le plus grand possible autour du chantier de dépollution, dans l'attente des résultats d'analyses de la contamination potentielle de la faune et de la flore.
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Cependant les automobilistes qui passent sur la double voie qui la borde, ne voient pas son intérêt écologique, en retenant uniquement l’image d’une plaine sèche aux herbes jaunes et basses.
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Ils remarquent surtout les terminaux méthaniers de Fos-sur-Mer et ceux des conteneurs qui transitent par Marseille.
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La plaine est gérée par un conservatoire régional d’espaces naturels et la chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône, la chasse y est autorisée et plus de 100 000 brebis la parcourent constamment.
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La végétation n’y est pas abondante, l’herbe est rare entre les galets, mais elle est très riche en nutriments, ce qui attire les agriculteurs dans la partie irriguée de la plaine, pour y produire notamment le foin de la Crau, qui bénéficie d’une appellation contrôlée.
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Erik Kauf
Rédacteur en Chef
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