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Soins dentaires et précarité Article lu 13430 fois, depuis sa publication le 18/10/2013 à 10:13:54 (longueur : 4774 caractères)
Si l'on en juge les différentes études françaises sur la santé bucco-dentaire, menées depuis le début des années 2000, la catégorie socio-professionnelle d'une personne a une incidence directe sur l'état de sa dentition.
Pour rappel, l'assurance maladie fixe un tarif « de responsabilité » des soins dentaires, qu'elle prend en charge à hauteur de 70%. Le ticket modérateur et les dépassements d'honoraires restent à la charge partielle ou totale du patient, selon la couverture de sa complémentaire santé, s'il en possède une. Sur les prothèses dentaires, ce tarif « de responsabilité » ne reflète absolument pas la réalité pratiquée par les dentistes, pour couvrir leurs charges d'activité.
Les dents, signe extérieur de richesse
La dégradation de dents s'accentue non seulement avec l'âge, mais aussi selon le milieu social. Les disparités concernent toutes les générations :
- Les enfants issus d'un milieu agriculteur, ouvrier ou inactif et, par extension, ceux scolarisés en Zone d'éducation prioritaire ou en zone rurale, sont davantage touchés par les caries.
- En ce qui concerne les adultes, le non-remplacement des dents touche 43% des catégories socio-professionnelles citées ci-dessus, contre 21% dans les catégories plus élevées. Ces proportions se retrouvent également dans l'accès aux soins préventifs, ainsi que dans le renoncement pur et simple aux soins curatifs et aux prothèses.
Pourquoi ces disparités ?
Divers facteurs interviennent dans le processus de renoncement aux soins :
- En premier lieu, le coût et la couverture maladie insuffisante
- Ensuite, le mode de vie génère des inégalités au niveau de l'alimentation, de l'hygiène dentaire, de la fluoration
- Le facteur géographique joue un rôle, lorsqu'il rend difficile l'accès aux soins dentaires, notamment dans les territoires mal desservis
- Enfin, la peur des soins peut également intervenir
Couverture Maladie Universelle (CMU) et dentistes
La CMU complémentaire garantit un accès gratuit aux soins, dans la limite du tarif de responsabilité. Si le principe est louable, l'obsolescence des tarifs de la Sécurité sociale, ajoutée au désengagement de l'état pour couvrir ces dépenses, expliquent la frilosité de certains dentistes pour accueillir ces patients.
Les parades aux tarifs trop élevés
En dépit de facteurs socio-professionnels désavantageux, bien des personnes aimeraient avoir accès à une santé dentaire et à un sourire irréprochable.
Pour répondre à cette demande, l'offre de soins discount s'est développée. En Tunisie ou en Hongrie, une prothèse revient deux fois moins chère qu'en France. Des tour-operators se sont spécialisés dans cette forme de tourisme, d'autant plus que depuis mars 2009, ces soins sont remboursés par la Sécurité sociale (après entente préalable), s'ils sont effectués dans des pays de la zone euro.
En France, des structures low-cost tentent aussi de percer. Là où un implant coûterait 2500 euros chez un dentiste lambda, il revient à 970 euros dans ces centres. De tels écarts sont expliqués par des gains sur la productivité, notamment des dentistes salariés, toutefois les soins conservateurs ne sont pas assurés.
Enfin, pour des soins à moindre coûts, il faut également rappeler l'existence des dispensaires de la Sécurité sociale, des facultés dentaires, des centres mutualistes ainsi qu'une initiative intéressante : le bus dentaire, qui fait appel à des dentistes bénévoles pour les publics les plus défavorisés d'Ile-de-France.
Réduire les inégalités
La régularité de l'hygiène et des visites préventives chez le dentiste permettent de garantir 90% des problèmes dentaires. Une affection prise en charge à un stade précoce occasionne des soins moins longs et moins coûteux. Parfois, le recours à des solutions provisoires, notamment au niveau des prothèses, évite que la dentition ne se délabre davantage.
La santé dentaire représente un enjeu important : les préjudices sociaux, esthétiques et psychologiques résultant d'un manque de soins sont conséquents. Ils sont susceptibles de provoquer une spirale d'exclusion, où la précarité entraine une dentition problématique et où des dents problématiques entrainent la précarité. Même si l'Union Française de la Santé Bucco-Dentaire a constaté une amélioration des inégalités, beaucoup reste à faire.
Pour en savoir plus, sur FranceMédecin : http://www.riskassur-hebdo.com/actu01/actu_auto.php?adr=3009131308

SOURCES :
http://www.ameli.fr
http://www.cnsd.fr
http://www.irdes.fr/
http://sante-gouv.fr
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