Accident du Mont Sainte-Odile: une page se tourne pour le 20e anniversaire

Les proches des victimes de la catastrophe du Mont Sainte-Odile, qui a fait 87 morts le 20 janvier 1992, ont commémoré vendredi les 20 ans de l’accident, en espérant "tourner une page" après la clôture définitive de leur combat judiciaire.

A 19H20 ce jour-là, un Airbus A 320 d’Air Inter assurant la liaison Lyon-Strasbourg s’était écrasé sur un versant enneigé du massif alsacien, alors qu’il s’apprêtait à atterrir sur l’aéroport de Strasbourg-Entzheim. Il y avait eu 87 morts et neuf rescapés.

Pour l’association Echo des proches des victimes de l’accident, ce vingtième anniversaire a une résonance particulière: "Il s’agit de tourner la page de notre combat. Aujourd’hui nous voulons dire: +Plus jamais ça+. Les autres associations de proches de victimes d’accidents aériens ne doivent pas passer par le calvaire de 20 ans que nous avons connu", a témoigné le président de l’association, Alvaro Rendon.

L’association Echo a mis fin en 2011 à un combat judiciaire émaillé de déceptions. Après 13 ans d’instruction, les six personnes qui avaient été poursuivies devant la justice ont toutes été relaxées. Air Inter, dont la responsabilité civile avait été reconnue en première instance, a finalement été blanchie en appel.

Echo a aussi échoué à faire condamner l’Etat pour longueur excessive de la procédure et a renoncé en juillet à poursuivre la France devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

L’association n’a également jamais su pourquoi les secours avaient mis plus de quatre heures à arriver sur les lieux de la catastrophe, compromettant les chances de survie de plusieurs blessés.

La journée de commémoration de vendredi devait se partager en trois temps:
après une conférence-débat sur le thème de la sécurité aérienne, une cérémonie œcuménique s’est déroulée à 15H00 en la cathédrale de Strasbourg. Une montée aux flambeaux et un hommage solennel étaient prévus dans la soirée sur le lieu de l’accident, en présence de certains des rescapés.

Le "colloque" de vendredi matin a été l’occasion pour Echo et les autres associations de proches de victimes d’accident aérien de partager leur expérience et de faire le point sur les évolutions survenues depuis 20 ans.

Etaient notamment présents des représentants des proches des victimes du vol AF447 Rio-Paris (228 morts en 2009), de la chute d’un avion de la West Carribean au Venezuela (160 morts en 2005) et de la catastrophe de Charm el-Cheikh (148 morts en 2004).

Les participants ont noté quelques avancées: la mise en place dans les avions de système GPWS (Ground Proximity Warning System ou système avertisseur de proximité du sol), l’adoption en 2011 d’une loi permettant la création de pôles spécialisés en matière d’accident collectif, ou une meilleure prise en compte des victimes dans les procédures judiciaires.

Mais la plupart ont souligné l’absence de progrès décisifs sur le plan technique, et la longueur et l’incertitude des procédures judiciaires.

Tous se sont promis en tout cas de "se serrer les coudes" pour faire valoir le point de vue des passagers auprès des autres acteurs du secteur aérien.
"Nous devons créer une synergie entre nous pour peser sur les décisions", a déclaré Olivier Berrisson, président de l’association des proches des victimes de la West Carribean.
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STRASBOURG, 20 jan 2012 (AFP) - Par Stéphanie LEROUGE
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