Un grand inconnu, le coût réel du Kw d'électricité d'origine nucléaire produit en France Article lu 42013 fois, depuis sa publication le 26/09/2014 à 07:35:29 (longueur : 4476 caractères)
Au moment où il faut, pour lutter contre le réchauffement atmosphérique, remplacer les centrales thermiques, il faut connaître le coût de production du kw des centrales fonctionnant aux énergies renouvelables, pour orienter les choix.
Le nucléaire n'est pas assimilable aux énergies renouvelables, mais son fonctionnement ne dégage pas de gaz à effet de serre, tout en étant contestable et contesté, notamment en France à bien d'autres égards .
Les 58 centrales du parc nucléaire français, exploités par EDF permettent d'alimenter les consommateurs Français à des tarifs nettement inférieurs à ceux pratiqués par nos voisins, à cause d'un prix de revient très bas qui, selon les méchantes langues, ne reflète pas la réalité et ne pourra pas perdurer et il est difficile d'affirmer le contraire.
La production d'électricité française repose encore, à raison de 75 %, sur le nucléaire, mais indépendamment de la décision politique de ramener ce pourcentage, à terme à 50 %, il fléchira mécaniquement, sauf à prolonger la durée de vie des centrales actuelles et d'en construire de nouvelles, ce qui a un coût, à comparer à celui de l'électricité produite par des centrales fonctionnant aux énergies renouvelables.
Il se trouve que le coût du kw d'électricité produit par l'énergie nucléaire fait partie des grands inconnus, car il comporte une série d'éléments difficiles, voire impossible à chiffrer et qui, jusqu'à présent ont été minorés, voire occultés, or il faut pouvoir le provisionner, dans l'intérêt de la vérité des prix.
Le coût de la prolongation de la durée de vie des centrales existantes est pratiquement connu et après avoir surmontés les déboires de jeunesse des EPR en construction en Finlande et à Flamanville en France, EDF finira par avoir une idée précise du coût et des capacités de production de ces nouveaux outils de production d'électricité nucléaire.
Les éléments de coût inconnus portent, faute de toute expérience, sur des postes que l'on commence seulement maintenant à chercher à chiffrer.
Il s agit, dans l'ordre :
- des frais d'arrêt des installations,
-suivis de leur démantèlement et de la décontamination des sites,
- du traitement et du stockage des déchets radioactifs issus des démantèlements, dans les futures sites de stockage sécurisés.
En même temps se pose le délicat problème des provisions à constituer pour couvrir le risque nucléaire, dont on sait un peu plus, depuis la catastrophe de Fukushima.
Dans l'industrie traditionnelle, il suffit de prendre en compte les primes d'assurances pour chiffrer le coût des risques, tout au moins pour ceux qui sont assurables, que les industriels les assurent ou non, mais ce n'est pas possible pour ce qui est des risques nucléaires, qui sont des risques non assurables.
Dans ce cas, il ne reste que les retours d'expérience.
Dans le cas de Tchernobyl en Ukraine, il manque pour des raisons politiques, tout retour d'expérience concernant les pertes humaines et les dommages causés à l'environnement.
Par contre, nous commençons par disposer d'estimations relatives à la catastrophe de Fukushima, survenue dans un contexte politique différent, mais aussi parce que les centrales nucléaires relèvent au Japon du privé, soumis à d'autres règles comptables et budgétaires que celles du public.
Selon ces deux spécialistes reconnus de l'économie et des politiques environnementales, la facture de ce drame dépassera l'équivalent de 100 milliards d'euros.
Ils chiffrent, à 15 milliards d'euros le coût des travaux nécessaires à la reconstruction, aux nouvelles normes de sécurité, des réacteurs détruits.
Cette indication permet de relativiser les autres postes estimés respectivement à :
- 15,8 milliards pour le démantèlement,
- 7,7 milliards pour stocker temporairement les déchets générés par la déconstruction, le coût du stockage définitif n' a pas été chiffré à ce stade,
- 18 milliards pour dépolluer une zone de 2 400 km2,
- 35,7 milliards d'euros pour dédommager les victimes et les personnes ayant perdu leur emploi.
Quoi qu'il en soit, il semblerait que le nucléaire ait encore un bel avenir devant lui, en devant relayer, faute de mieux, les centrales thermiques, en particulier celles fonctionnant au charbon, en attendant l'arrivée en force, à un coût maîtrisé , des énergies renouvelables , ce qui prendra encore un certain temps.
Il est certain que la période de l'énergie « bon marché » a vécue.
Erik Kauf
Rédacteur en Chef
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