Le paysage des risques 2025 (Pr Jean-Paul Louisot)

« Le plus grand risque est de ne pas prendre de risques. Dans un monde qui change très rapidement, la seule stratégie qui est garantie d'échec est de ne pas prendre de risques. » (Mark Elliot Zuckerberg)

Par delà les résultats de l'élection présidentielle américaine évoqués dans un numéro précédent de Riskassur à l'approche de la fin de l'année 2024, il est temps de revenir sur les événements clés de cette année et d'envisager les risques émergents pour 2025. Dans cette époque moderne marquée par les progrès technologiques rapides et l'incertitude mondiale, les organismes du monde entier sont aux prises avec un paysage de risque de plus en plus complexe et volatil.

De fait, le paysage mondial des risques en 2025 résulte d'un réseau complexe de conflits géopolitiques et d'instabilités régionales. Les guerres en cours au Moyen-Orient, l'approfondissement des fractures dans les Balkans et l'escalade du chaos dans la région du Sahel ne sont que quelques-unes des crises qui lanceront des défis aux gouvernements, aux organismes multinationaux et aux voyageurs. Combiné avec la guerre de « zone grise », les conflits interétatiques, le crime organisé transnational, le terrorisme et la menace croissante des catastrophes naturelles dues au changement climatique, ces crises à multiples facettes exigeront des stratégies de gestion du risque globales et proactives pour protéger les entreprises et leurs salariés.

Des experts ont pris l'habitude de considérer ces crises convergentes comme partie de l'ère de la polycrise, une nouvelle ère où les multiples défis interconnectés amplifient les impacts des uns et des autres. Comprendre les effets en cascade de ces risques est essentiel pour maintenir la résilience et la continuité opérationnelle dans un monde de plus en plus volatil.

- Pourquoi 2025 est l'ère de la polycrise

Une polycrise désigne une situation où de multiples crises mondiales et locales - des conflits géopolitiques aux difficultés économiques, au changement climatique et à la criminalité transnationale - interagissent et s'exacerbent mutuellement, créant ainsi des risques complexes et interconnectés. Ces crises ne se produisent pas de manière isolée, mais s'amplifient au travers des lignes de faille géostratégiques, transformant les problèmes locaux en menaces régionales voire mondiales.

La nouvelle guerre froide entre l'Est, la Russie, la Chine, l'Iran et d'autres, s'étend de même que le stress géostratégique ressenti par les pays enfoncés dans la crise et les pays pris dans le feu croisé. Le monde est bien entre dans l'ère d'une polycrise.

L'agitation civile en Nouvelle-Calédonie en mai 2024 est une illustration de ce phénomène. Elle a révélé comment des événements apparemment localisés peuvent être manipulés pour alimenter des tensions géopolitiques. Ce qui a débuté comme une agitation due d'après les indépendantistes à la brutalité policière a été enflammé par les campagnes de désinformation russes et chinoises, transformant un problème domestique en un point chaud au niveau mondial. Les troubles en Nouvelle-Calédonie, petite île d'importance stratégique, mettent en évidence la façon dont des puissances comme la Russie et la Chine exploitent les tensions locales pour saper l'influence occidentale. C'est ainsi que la situation de la Nouvelle-Calédonie est devenue un champ de bataille par procuration dans le cadre de la lutte géopolitique entre l'Est et l'Ouest.

Cet exemple illustre bien la réalité plus large de 2025 : les crises locales sont de plus en plus étroitement liées aux crises mondiales. L'intensification de la nouvelle dynamique de la guerre froide entre les superpuissances, la concurrence pour les ressources et la fragilité des États du monde entier signifie que de petites étincelles peuvent déclencher des incendies beaucoup plus violents. C'est pourquoi le paysage mondial des risques en 2025 est bien conditionné par le phénomène de polycrise, où les crises sont non seulement de plus en plus fréquentes mais aussi plus interconnectées que jamais.
En se projetant vers 2025 et au-delà, les crises mondiales auront des effets uniques sur différentes régions. De l'Amérique latine à l'Afrique subsaharienne, chaque région est confrontée à un ensemble de défis propres, façonnés par l'intersection des vulnérabilités locales et des pressions mondiales.

-Identification des risques de 2025 à l'aide du « ISG »

L'indice de stress géostratégique, inclus dans la carte des risques 2025 du Global Guardian, est un outil prospectif qui mesure la vulnérabilité d'un pays (ou territoire) à la déstabilisation par un acteur étranger au cours des cinq à dix prochaines années. La déstabilisation pourrait …

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