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Les risques de la régression des soins Article lu 21284 fois, depuis sa publication le 24/09/2010 à 10:45:00 (longueur : 5619 caractères)
Les dépenses de santé prennent chaque année une part plus importante dans le budget des ménages, dans un contexte où le revenu moyen des Français augmente que de très peu.
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Selon plusieurs enquêtes qui se recoupent, les dépenses de santé des ménages, obtenues en additionnant leurs cotisations à une complémentaire santé et ce qui reste à leur charge après remboursements, ont augmenté progressivement de 40 à 50% en moyenne, de 2001 à 2009.
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Ces dépenses représentent en moyenne 5,4% du revenu disponible des ménages, tout en étant supérieure à la moyenne pour les retraités, qui passent d’une assurance santé cofinancée par leur entreprise, à une assurance individuelle, dont ils supportent l’intégralité de la cotisation, qui n’est pas déductible de leur pension en tant que charge sociale.
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Les cotisations des assurances complémentaires augmentent d’abord en fonction de la prise en charge par les assureurs des déremboursements opérées par l’assurance maladie de la Sécurité Sociale et aussi du faite de la création de nouvelles franchises, pas toujours assurables.
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Les assureurs complémentaires répercutent aussi sur les cotisations les prélèvements opérés par les pouvoirs publics sur les cotisations, pour financer la CMU ou, comme en 2009, pour boucher un déficit à combler.
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La seule parade possible qui reste aux assurés lorsque les cotisations deviennent trop lourdes pour leur budget est d’alléger la portée des garanties.
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Ils optent de plus en plus pour des contrats 100% du tarif de l’assurance santé, qui en limite la portée au ticket modérateur et réduisent le niveau de remboursements des frais de santé les moins bien remboursés par l’assurance maladie, comme les prothèses dentaires et les lunettes. C'est un choix raisonnable mais à condition de ne pas prendre cette décision, au mauvais moment et de se trouver sans garantie la veille d’une dépenses inévitable.
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Malgré ces imperfections et son coût, les Français plébiscitent leur système de santé qui, en cas de besoin, ne les laissera pas, au sens figuré comme au sens propre « sur le trottoir » comme c’est de pratique courante aux Etats-Unis.
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Ils sont aujourd’hui 83 % à estimer que notre système figure parmi les meilleurs au monde et pour 61%, selon un autre sondage, qu’il s’est amélioré au cours des dernières années.
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Malgré cette situation rassurante, la proportion de Français qui déclare se trouver dans l’obligation de s’imposer des restrictions budgétaires dans le domaine des soins médicaux est passé de 3 à 13% en 30 ans, selon une enquête 2010 « Conditions de vie et aspirations, » récemment rendu publique par le Centre de recherches pour l’étude et l’observation des conditions de vie, le Credoc.
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Le Credoc constate une forte accélération de cette tendance depuis 2005, avec une hausse plus nette en 2008, où le nombre de personnes qui déclare limiter le recours aux soins médicaux est passé de 9 à 13 %, pour se stabiliser ensuite.
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On peut imputer, tout au moins pour partie l’accélération de la tendance observée depuis 2005 à la mise en place par la loi de d’août 2004 du médecin traitant et du parcours de soins, ce qui a certainement bouleversé des habitudes, comme le confirme la stabilisation constatée, une fois le pli pris, depuis 2008.
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Une autre explication de la stabilisation vient du fait de l’automédication à laquelle de nombreuses personnes ont recours par facilité, mais aussi pour se procurer des médicaments qu'ils ont l'habitude des prendre et qui sont dé-remboursés par l’assurance maladie.
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De ce fait, elles n’entrent pas, pour cette raison, dans la catégorie de celles ayant limité leur recours aux soins médicaux, car l’automédication à un coût assumé volontairement mais difficile à évaluer.
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Dans la mesure où la régression du recours aux soins, touche une frange de la population la plus fragile, il faut se poser la question de ses effets pervers au regard de la santé, voire de l’existence d’un système à deux vitesses, à savoir que l’on est mieux soigné, comme ledit un nombre croissant des Français, lors que l’on a de l’argent et des relations, que si l’on bénéficie de la CMU.
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C’est certainement vrai pour avoir accès à un spécialiste exerçant son art en catégorie 2 à honoraires libres, mais pour les interventions chirurgicales lourdes et l’hospitalisation médicale, la préférence est souvent accordée aux hôpitaux publics, pour la qualité du personnel soignant et le niveau des équipements.
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En fait, c’est la médecine de ville qui pose problème, mais c'est plus un problème de manque de praticiens libéraux que de prise en charge des frais médicaux.
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Le fait de ne pas pouvoir consulter normalement ne peut qu’être que préjudiciable à la santé en retardant un examen qui aurait permis de détecter à temps une affection grave.
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Cependant les effets pervers se situent au niveau des frais dentaires car principalement les prothèses dentaires, dont le coût reste exorbitant, n’est pris en charge par l’assurance maladie qu’à titre symbolique.
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Or, une bonne dentition ne se limite pas à un problème esthétique, elle est le premier élément de l’appareil digestif, ce qui est particulièrement grave pour la santé, en cas de défaillance.
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Le problème de l’optique médicale est nettement moins aigu depuis l’existence d’une forte concurrence entre chaine d’opticiens qui donnent accès à des lunettes de premier prix.
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Le premier rôle des nouvelles Agences régionales de santé devrait être de veiller à l’accès aux soins de toute la population dans leur circonscription territoriale, sans faire un préalable de leur couverture de santé.
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